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"4 travailleurs sur 10 vont au travail à vélo". Vraiment?



Le 10 janvier 2024 Le Soir publie un article intitulé : «  Quatre travailleurs sur dix se rendent au travail à vélo, un record. » 


Ah, bon, quelle bonne nouvelle ! Ce chiffre est issu du « baromètre mobilité d’Acerta ».

 

Premier point: un manque flagrant d'esprit critique...



Il est loin le temps ou les rédacteurs en chef de « Le Soir », tels Yvon Toussaint ou Guy Duplat, faisaient preuve d’une extrême prudence à publier des résultats de sondages, faisaient analyser par des experts universitaires les méthodes et chiffres des sondages qu’on leur soumettait, et c’est seulement après cette validation scientifique qu’ils les proposaient à leurs lecteurs.


Les journalistes de l’époque (tels Alain Lallemand) faisaient vraiment leur métier en toute objectivité et neutralité et ne se seraient pas permis de relayer de telles informations, qui ne résistent pas à la moindre analyse élémentaire.

Adieu l'esprit critique et le recoupement des informations!


 

4 travailleurs sur 10 à bicyclette, vraiment ?

 

Calculons: à Bruxelles, selon Actiris, on comptait  en 2022 508.920  emplois. Depuis ce nombre est en hausse.

Si 4 travailleurs sur 10 utilisent un vélo pour se rendre au travail (à Bruxelles), on devrait compter plus de 200.000 vélos sur les pistes cyclables bruxelloises, qui malheureusement paraissent désertes à l’observateur quotidien (il y a un nombre important de cyclistes dans le quartier rue des Arts/ rue de la Loi entre 7h30 et 9h et en fin de journée, mais un comptage donne 12 vélos/h aux mêmes heures chaussée de la Hulpe, par exemple).

200.000 vélos quotidiens cela devrait faire des embouteillages vélocipédiques dignes du démarrage d’un peloton du Tour du France. Et cela devrait faire exploser les compteurs de la Ministre de la mobilité, qui devraient passer de 1,3 millions de comptages par an (2023), à plusieurs dizaines de millions!

En effet un calcul élémentaire montre que seuls 10.000 cyclistes quotidiens correspondent aux 1,3 millions de comptages annuels (les livreurs Uber eats, Delivero ou Take Away qui passent à plusieurs reprises devant les mêmes compteurs expliquant un grand nombre de ces comptages). Tout comme les 87.992 (source Actiris) demandeurs d’emploi qui se contentent d’un vélo.

Le reproche que l'on peut faire à l'auteur de cet article, qui confond réalité et rêve des politiques, est indubitable : une analyse, une réflexion, un peu de prudence ou juste un soupçon de bon sens, auraient sans nul doute largement tempéré son enthousiasme!


Le deuxième point concerne Acerta.

Acerta est un bureau social qui n’a aucune compétence dans le domaine des sondages et enquêtes scientifiques . Ils se définissent eux-mêmes comme étant un "groupe de services RH global". C'est un service qui s'adresse, généralement à des indépendants ou à de petites entreprises. Leur clientèle n'est donc certainement pas un échantillon représentatif de l'ensemble des travailleurs de Bruxelles et de Belgique.

Pire : leurs données sur l’usage du vélo sont basées sur des déclarations, et non sur des observations objectives comme cela devrait être fait dans un sondage sérieux.

On a vraiment l'impression qu'une partie de la presse rapporte avec complaisance, des informations qui vont toujours dans le sens de ce qu'une minorité agissante veut imposer à la majorité des citoyens, apparemment peu disposée à se faire entendre.

Lors des prochaines élections, peut-être?


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