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Vitesse excessive : "Il faut agir !" dit Gilkinet après l'étude de Vias. Mauto Défense lui répond.


Monsieur Gilkinet,


Nous avons pris note de votre réaction dans la presse sur la nouvelle annonce de VIAS, concernant les « vitesses excessives », principalement des Wallons. En résumé : « il faut encore serrer la vis »…


Notre ASBL Mauto Défense s’élève une fois encore contre la vision excessivement répressive de la sécurité routière que développent les autorités de notre pays.


Tout d’abord si les chiffres de dépassement des vitesses autorisées ont tellement augmenté, c’est d’abord et avant tout, suite à l’augmentation exponentielle des moyens de contrôles mis en place (radars fixes, radars tronçons et radars mobiles, dont les honteux radars « poubelles »).


Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que ces dépassements sont à 90% de « petits dépassements », souvent inférieurs à 10km/h. Ceux-ci sont le plus souvent dû à une petite distraction que l’on peut qualifier de peu accidentogène, plutôt que le fait d’un « chauffard »…

Bien sûr, et c’est de bonne guerre, VIAS met exergue les dépassements extrêmes (« Un pour cent des automobilistes mesurés ont même dépassé la limitation d'au moins 47 km/h »), plutôt que de parler des autres 99% !


Au vu des statistiques, vos politiques de « toujours plus de répression », et de multiplication des radars montrent depuis longtemps leurs limites.

Pour nous, il y a bien d’autres solutions à mettre en œuvre pour réduire le nombre d’accidents.


En premier lieu le réseau routier belge, et particulièrement le réseau wallon, est dans un état déplorable. Et lorsque des « réparations » sont faites sur les routes, elles sont très souvent éphémères. Nous sommes les champions européens des nids de poule, et des emplâtres sur des jambes de bois !


Savez-vous que la qualité du réseau routier est impliquée dans 47% des accidents (ce chiffre provient de l’association française « 40 millions d’automobilistes ») ?


D’après nous, l’accident étant le résultat d’un dysfonctionnement du trinôme conducteur-véhicule-infrastructure, il faut agir à la fois sur les trois paramètres de concert.

Vous agissez sur le premier avec vigueur, en culpabilisant et en infantilisant le conducteur.

Mais qu’en est-il des deux autres ?


Les constructeurs automobiles améliorent eux, à la fois la sécurité passive et active des véhicules (ce dont nous n’entendons pratiquement jamais parler par vos services ou par VIAS…). Les progrès sont gigantesques dans ces domaines. Le contrôle technique complète ces dispositifs en validant l’état des véhicules.


Reste l’infrastructure, qui ne se limite pas qu’à l’état des routes, mais qui inclut également la signalisation et les dispositifs de protection, comme les glissières de sécurité.


L’action d’amélioration de la sécurité sur l’infrastructure routière consiste soit à créer des infrastructures qui minimisent ces dysfonctionnements, soit à corriger les infrastructures existantes pour diminuer les dysfonctionnements constatés.


Et là, les lacunes sont énormes !

Quelques exemples :

· Les rails « guillottine » et la signalisation horizontale glissante, affectant principalement les motards.

· Des panneaux de signalisation obsolètes (qui traînent sur des lieux précédemment en travaux), mal placés, sales ou cachés par la végétation.

· Des éclairages défaillants ou carrément absents (passages pour piétons).

· Des casse-vitesses non conformes.

· Des chicanes « ralentisseuses » mal placées ou mal signalées.

· Des pistes cyclables qui débouchent sur la voirie en dépit du bon sens.

· Etc.

En ce qui concerne la vitesse, on ne peut pas dire qu’elle soit responsable de tel ou tel pourcentage d’accident, comme VIAS a tendance à le répéter. En effet un véhicule à l’arrêt, c’est-à-dire sans vitesse, risque peu la collision, vous en conviendrez ! Donc dès qu’il se met en mouvement, il est sujet à une vitesse.


Ce sont en l’occurrence 100% des accidents qui sont causés par la vitesse !


Ce qui par contre peut être la cause d’un accident (condition nécessaire mais pas suffisante), c’est éventuellement une vitesse non-adaptée aux circonstances ou à l’environnement. C’est dans ce cas, que la responsabilité du conducteur peut être engagée.


Mais les vitesses imposées, sont-elles toujours en relation avec la configuration des lieux ou avec les risques encourus ?


La réponse est non !


Un exemple : une chaussée à 2 bandes dans chaque sens, avec côté gauche une piste cyclable surélevée, côté droit, pas de trottoir, pas d’habitations, pas de rues adjacentes est limitée à 50km/h. 300 mètres plus loin, alors qu’il y a des trottoirs, des habitations, des commerces et des rues adjacentes, la voirie est limitée à 70km/h.


Comment le conducteur perçoit-il cette limitation à 50km/h, sinon comme une hérésie, et n’est dès lors pas incité à la respecter ?


Une vitesse imposée respectable et ressentie comme telle, sera certainement plus respectée qu’une vitesse qui ne correspond pas du tout à ce que le conducteur pense être légitime…


Enfin, parlons formation.


Notre association vous a déjà invité à plusieurs reprises à suivre un coaching de conduite (que nous vous offrions bien volontiers), afin que vous en perceviez l’importance pour assurer une conduite plus sûre, comme nous l’avons fait pour tous vos collègues en charge de la mobilité et de la sécurité routière. Ni vous, ni aucun autre ministre n’a jugé utile de répondre favorablement à notre offre. C’est bien regrettable…


Ceci ne nous empêche heureusement pas de poursuivre nos formations, car nous pensons que passer le permis de conduire prouve sans doute une connaissance du code de la route, mais ne donne aucune notion de ce que contrôler un véhicule signifie au nouveau conducteur. Et de cela, on ne vous entend jamais parler.


Je voudrais terminer par une triste comparaison.


L’année dernière la Belgique a compté un peu moins de 500 morts sur nos routes. C’est 500 morts de trop, bien sûr. Mais s’acharner sur les automobilistes et les motards en les culpabilisant en permanence, ne nous paraît pas être la meilleure façon de faire baisser ce chiffre, car 90% des conducteurs sont des gens raisonnables et responsables, qui ne méritent pas d’être traités avec aussi peu d’égards.


Enfin, pour remettre les choses à niveau, savez-vous que 2.000 de nos concitoyens (4 x plus !) sont victimes de suicide chaque année ?

Et la fois où j’ai fait appel un samedi à « Prévention suicide », car je craignais pour la vie d’un proche, c’est un répondeur automatique qui m’a incité à rappeler le lundi suivant…


Je laisse cela à votre réflexion.


Très cordialement,


Lucien Beckers – ASBL Mauto Défense - Président

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